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Réussir sa reconversion :
S’il n’existe pas de recette miracle pour réussir sa reconversion, plusieurs ingrédients y participent grandement.
Lors d’un bilan de compétences, l’accent sera mis sur la dimension réaliste et réalisable de votre projet de reconversion. L’évaluation de l’aspect réaliste de votre projet passe par la détermination d’un faisceau d’indices relevant de critères objectivables et d’autres plus subjectifs.
Parmi les critères objectivables on peut citer le type et le niveau de diplôme requis pour accéder à la profession, l’état du marché du travail sur le métier considéré en un temps et un lieu donné, la bonne connaissance du métier souhaité acquise par des enquêtes-métier ou le niveau des compétences que vous avez développées au cours de votre expérience professionnelle pouvant être mobilisés dans le cadre de votre projet de reconversion.
Des éléments plus subjectifs liés au sens que vous donnez à votre implication au travail, aux leviers de motivation qui vous animent, au degré de soutien de votre entourage, au réseau de connaissances que vous pouvez mobiliser pour vous aider à réaliser votre projet, au moyen financier dont vous disposez, à votre situation professionnelle actuelle… doivent également être pris en compte pour alimenter ce faisceau d’indices rendant votre projet de reconversion réaliste. Un des grands avantages de Paris et de la région parisienne est la multitudes d’offres d’emplois dans l’ensemble des secteurs, beaucoup de personnes habitants en province font le choix de déménager pour un nouvel emploi dans leur secteur d’activité.
Pour comprendre l’imbrication de ces éléments, je vous présente la lettre écrite par Laetitia T, accompagnée en bilan de compétences dans le cadre d’une demande de financement d’un Congé Individuel de Formation adressée au FONGECIF idf.
« Après un DEUG LEA Anglais Allemand et un Master 2 Management et Ingénierie des Industries du Tourisme, j’ai travaillé 4 ans dans le secteur touristique sans m’y épanouir.
Depuis maintenant 8 ans, j’occupe un poste d’assistante de direction auprès d’un architecte expert près les compagnies d’assurance. Je suis en charge de l’ouverture, du suivi et de la gestion des dossiers jusqu’à leur clôture, en lien direct avec les assurés victimes d’accidents de la vie et les compagnies d’assurance.
Au fil des années, s’est révélé à moi le plaisir d’être en contact téléphonique avec des personnes handicapées, leur apportant écoute et accompagnement personnel. Ce déclencheur m’a permis d’initier une réflexion profonde sur le sens que je souhaitais donner à mon travail. Je me suis aperçue que j’étais en quête d’identité dans un parcours professionnel où le travail était vu comme alimentaire car tout simplement pas ou peu épanouissant.
J’ai donc initié une réflexion personnelle qui m’a amenée à faire un bilan de compétences avec le cabinet MAM-RH. Ayant entamé cette démarche avec déjà en tête l’idée que je voulais avoir une utilité sociale qui passerait par l’accompagnement d’autrui, j’ai suivi les étapes proposées par mon coach. Grâce à un faisceaux d’indices amené par le biais de tests psycho-professionnels, j’ai petit à petit conduit ma réflexion vers le métier que je souhaite exercer aujourd’hui.
J’avais eu une expérience de bénévolat dans un relais parental « coup d’pouce 92 », association ayant pour but d’accueillir les enfants de parents se retrouvant dans l’incapacité temporaire de s’occuper de leurs enfants. Cette expérience m’avait donné le goût pour l’accompagnement des personnes en difficulté.
Le bilan de compétences a confirmé mon intuition à travailler dans le secteur social puis mon coach m’a présenté le CAFERUIS comme sésame pour intégrer le secteur social à un poste de cadre.
Le Certificat d’Aptitude à la Fonction d’Encadrement et de Responsable d’Unité d’Intervention Sociale atteste des compétences professionnelles pour occuper un poste de cadre dans les secteurs social, médico-social et sanitaire. Il permet d’exercer comme cadre intermédiaire des établissements ou services du secteur associatif, des organismes de protection sociale de la fonction publique territoriale et hospitalière. La formation s’articule sur deux ans avec 400 heures de cours. Sa réussite est conditionnée par la rédaction d’un mémoire ainsi que la réalisation d’un stage d’une durée d’un an.
Pour asseoir le projet qui se dessinait, j’ai pu rencontrer et questionner, par le biais de mon coach, des professionnels du secteur et notamment Sophie M, adjointe de direction d’un ESAT (Etablissement de Service et d’Aide par le Travail), ayant un profil très similaire au mien (master en tourisme puis CAFERUIS). Aujourd’hui elle travaille pour l’Association des Paralysés de France à l’ESAT …à …. Son action s’inscrit dans le secteur médico-social. Elle manage une équipe de 15 personnes divisée en deux groupes : l’un à caractère social (atelier de formation, terrain), l’autre axé sur le médico-social (assistance sociale, psychologue…) pour 70 travailleurs en situation de handicap accueillis dans l’établissement.
Toujours par l’entremise de mon coach, j’ai également pu échanger avec Léa T, conseillère sociale pour Paris Habitat et bénévole à la Protection Civile depuis 12 ans, qui, forte de sa double casquette bénévole et salariée du secteur social, m’a apporté son approche du secteur. J’ai interviewé Patricia S, bénévole à la Croix Rouge et enfin Karine B, assistante sociale à la Mairie de Paris, qui m’a confortée dans l’idée de passer le CAFERUIS pour accéder à un poste de cadre, au regard de mon bagage universitaire.
J’ai également participé à une soirée-rencontre des acteurs de l’économie solidaire au cours de laquelle j’ai pu avoir une première approche du secteur social et de ses enjeux politiques et économiques vastes. Je me suis entretenue avec une bénévole de l’association « Lire et faire lire », qui a confirmé mon goût pour le travail auprès des enfants. J’ai aussi échangé avec Marie M, chargée de projet Ressources humaines et diversité à l’UDES (Union des Employeurs de l’Economie Sociale et Solidaire), qui m’a donné une vue d’ensemble sur l’organisation des différentes structures du monde du social, les implications et enjeux politiques de chaque acteur et un aperçu du jargon spécifique utilisé dans ce monde encore nouveau pour moi. La personne ressource la plus pertinente de cette soirée a probablement été Jean-Luc, formateur et jury du CAFERUIS, qui m’a aiguillée et renseignée sur mon projet professionnel et la formation que je m’apprête à débuter.
Enfin, je suis allée, lors de journées portes ouvertes, visiter les établissements proposant la formation qui m’intéresse. J’en ai choisi deux selon mon secteur géographique et leur renommée. Il s’agit de l’ETSUP et de l’IRTS.
L’ETSUP, école supérieure du travail social, est une des premières écoles de formation sociale née de l’après-guerre mondiale, dans un contexte où les femmes, devenues surintendantes d’usines pour remplacer les hommes partis au front, se sont vues confier des responsabilités professionnelles inédites.
Cette école forme les acteurs de l’action sociale (directeur d’établissement ou de service, cadre intermédiaire, mais aussi éducateurs spécialisés, assistantes sociales…)
L’Institut Régional de Travail Social est un établissement d’enseignement supérieur et professionnel dans le secteur social, médico-social et sanitaire.
Mon projet est donc de commencer la formation en février 2019 afin d’en sortir diplômée en juin 2020.
Ensuite, à court terme, j’utiliserai mon réseau pour trouver un poste de directrice adjointe ou chef de service dans une structure de jour accueillant des enfants en difficulté familiale, type Institut Médico Educatif dans Paris ou en région parisienne. En parallèle, je proposerai ma candidature aux offres d’emploi le plus proche de mon domicile. La consultation des offres d’emploi de directrice adjointe ou chef de service indique la nécessité de valider le CAFERUIS.
En occupant cette nouvelle fonction, je compte redonner du sens à mon travail au quotidien et retrouver un plein épanouissement professionnel. Enfin, à plus long terme, j’envisage d’évoluer vers un poste de directrice de centre.
Grâce à mon bilan de compétences chez MAM-RH et à ces mois de réflexion, je me sens aujourd’hui gonflée d’un grand enthousiasme et d’une motivation puissante. Consciente des difficultés à dépasser pour réussir cette formation, je sais que le jeu en vaut la chandelle pour changer de vie et retrouver l’envie d’aller travailler tous les matins. »
Cette lettre met bien en évidence l’imbrication des éléments permettant à Laetitia, au fil des mois, de passer d’un état d’insatisfaction dans son rapport au travail « le travail était vu comme alimentaire car tout simplement pas ou peu épanouissant » à un travail ré-enchanté « je me sens aujourd’hui gonflée d’un grand enthousiasme et d’une motivation puissante ».
Ce ré-enchantement passe par la mise en parallèle de ces expériences passées dans le secteur social en tant que bénévole, du plaisir qu’elle ressent, sur son poste actuel, à écouter et réconforter les personnes handicapées par téléphone, de la découverte d’un nouveau métier à travers la réalisation d’enquête auprès de professionnels, de la volonté de donner une utilité sociale à son engagement professionnel, des résultats des tests qui mettent en évidence la dimension d’aide et de soutien de sa personnalité, d’un marché du travail porteur sur ce secteur d’activité, de la possibilité d’intégrer un organisme de formation reconnu…
Trois autres acteurs qui apparaissent en filigrane dans cette lettre rendent également réaliste et réalisable le projet de reconversion de Laetitia.
Le premier de ces acteurs est l’employeur actuel de Laetitia qui accepte de la laisser partir en formation quelques jours par mois pendant 18 mois. Cet accord qui nécessitera une réorganisation du cabinet d’architecture est permis par le deuxième acteur, le FONGECIF idf qui accepte de prendre en charge, par ce CIF, à la fois le coût de la formation mais également reverse à l’employeur de Laetitia, la part du salaire pendant laquelle Laetitia est en formation. Cette prise en charge du FONGECIF idf est évidemment un élément central dans la concrétisation du projet de reconversion de Laetitia. Le troisième acteur, enfin, est l’entourage familial de Laetitia qui la soutient dans son projet.
Dans sa quête de ré-enchantement professionnel, Laetitia a passé la première étape puisque le FONGECIF idf a donné son accord de prise en charge, elle est désormais en attente d’acceptation de sa candidature à l’une des deux écoles sélectionnées.